Les emballages plastiques de demain et le recyclage

Publié le 18/07/2019 | Emballage

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Face à l’émotion de la pollution plastique des océans, les entreprises sont bien conscientes qu’elles doivent agir… Mais comment ? Telle était la thématique d’une journée dédiée au futur du plastique dans les emballages alimentaires : recyclage, valorisations et éco-conception à court, moyen et long termes. Organisée début juin par Valorial, Breizpack et l’Association Régionale des Entreprises Agroalimentaires de Normandie, elle avait pour objectif de donner des clés aux entreprises pour qu’elles sachent vers où se diriger. La journée était animée par Thierry Varlet, directeur du pôle Food Solutions à l’Adria (dont Breizpack), avec Henri Saporta, rédacteur en chef d’Emballages magazine.

Supprimer les emballages plastiques

La loi a décidé de supprimer les emballages plastiques, et le consommateur est invité à prendre sa part de responsabilité et à revoir son mode de consommation : éviter l’emballage, trier, ne pas jeter dans la nature, voire rapporter les emballages consignés. Mais le plastique reste d’utilité majeure pour les industriels : la sécurité alimentaire ! Et les entreprises continuent à faire face à une demande de produits emballés. La suppression des emballages plastiques n’est donc pas toujours possible. Proposer des œufs au plat, à l’hôpital, oblige à la mise sous vide sous plastique ! La demande est complexe : de plus en plus de sécurité alimentaire mais de moins en moins d’emballages…

La fin de vie au coeur

La problématique à laquelle se trouvent confrontées les entreprises aujourd’hui, au vu des tendances de la réglementation, est de prendre une décision d’investissement qui soit la moins mauvaise possible, au regard des contraintes de son environnement. La question se pose à plusieurs niveaux : la question des bio plastiques est une question de coût, mais aussi une réflexion sur la fin de vie de l’emballage. Et, s’il y a moins de recyclage, y aura-t-il encore des investissements ? La question concerne donc également les collectivités, qui traitent les déchets.

Que dit la réglementation ?

Après l’adoption de la loi Alimentation, sont en cours de réflexion la loi sur l’économie circulaire et le règlement européen sur le plastique à usage unique. Ce dernier, applicable en janvier 2020, vise à interdire l’usage de certains ustensiles composés de plastique, et à usage unique : couverts, plateaux repas, boîtes, pots à glaces, saladiers, couvercles à verre jetable, sauf ceux compostables en compostage domestique et constitués, pour tout ou partie, de matières biosourcées. Devraient suivre en septembre 2021, les couverts, assiettes, pailles, bâtonnets mélangeurs, récipients pour aliments en polystyrène expansé…

Cette directive qui élimine complètement les emballages plastiques ne tient pas compte des avancées de la recherche sur les emballages biosourcés, ni sur la recherche en terme de recyclabilité. Pour mémoire, la directive emballages avait été amendée en 2015, pour apporter dérogation, selon les Etats pour les sacs à usage unique en deçà de 50 microns, afin de tenir compte des emballages biosourcés.

A ce jour, est également prévue, en octobre 2019 une directive qui adopterait, pour 2020 la taxe sur les plastiques à usage unique. En France, la loi sur l’économie circulaire devrait être adoptée début 2020. Elle prévoit notamment l’adoption du logo Triman. Retrouvez ici les éléments de ce projet de loi.

A fin 2024, est également prévu le tri à la source des déchets bio organiques entre ceux qui seront recyclables et ceux qui ne le seront pas, y compris en grandes et moyennes surfaces.

Qu’est-ce que l’usage unique ?

Reste à définir ce qu’est l’usage unique : un emballage plastique de tranches de jambon, qui aura servi à la mise sous vide sur ligne, au transport, puis à la mise en rayon, pour finir par le transport chez le consommateur, est-il à usage unique ? Le règlement a pour objectif de limiter les gobelets plastiques pour les boissons, les récipients pour des aliments consommés immédiatement, sans autre préparation et sur place. Mais quid des produits pré-emballés ? La notion qui reste à définir est majeure.

L’enjeu des emballages plastiques et de leur suppression

Citéo, né en 2017, du rapprochement d’Eco-emballages et d’écofolio, a rappelé que les emballages ménagers ne représentent qu’1% des déchets, le premier producteur étant le bâtiment, mais ses déchets ne se retrouvent pas en mer ! Par ailleurs, ils représentent 1% de la consommation de pétrole et consomment 0.016% des terres arables. On ne peut donc dire que les emballages, même biosourcés soient en concurrence, dans la production avec l’alimentation elle-même. En revanche, la question posée est celle de l’éthique : cultiver des pommes de terre pour fabriquer des emballages…

Mais en sus de la question de la sécurité alimentaire, l’emballage plastique s’impose en terme de poids, par rapport au verre, qui a des taux de tri et de recyclage bien plus élevés : 85% du verre produit est recyclé. Cette question du poids se pose aussi de manière cruciale, côté restauration collective, comme évoqué lors de la journée IBB, à retrouver en ligne ici.

La valorisation énergétique des plastiques

Aujourd’hui le recyclage n’est pas possible pour tous les plastiques. Si les consignes de tri ont été élargies sur certains territoires et seront généralisées en 2022, une séparation est faite en centre de tri, et les plastiques non recyclables sont valorisés énergétiquement, par les collectivités. De plus, la question qui se pose est celle de l’organisation du recyclage. En effet, il existe 200 centres de tri en France, qui correspondent à des manières de faire différentes d’une collectivité à une autre, et qui devront s’adapter aux évolutions rapides.

La consigne

Des entreprises se lancent dans la consigne du plastique, d’ores et déjà appliquée en Allemagne. Mais, à l’image du verre, il convient de faire une étude comparative des solutions recyclage et consigne, en fonction du transport, par exemple. Car, si les boucles locales apparaissent comme une solution tout à fait valable, le site unique de récupération en France, qui suppose nombre de trajets sur toute la France ne sera pas forcément meilleur ! De plus, l’exemple breton de brasseurs et cidriers (Distro) qui se base sur la récupération des bouteilles, s’il évite des transports longs et permet de ne pas avoir à racheter les bouteilles aux entreprises, exclut, en revanche, la récupération par la collectivité. Se pose alors la question du prix à payer par les contribuables, car les collectes de PET, avec le verre et les canettes permettent de financer les autres collectes de déchets, à ce jour !

Les plastiques recyclables et les autres

Le PET est aujourd’hui le plastique le plus avantageux, car il a une filière de recyclage forte, pour sa récupération et sa transformation, mais les quantités sont insuffisantes, pour en faire une filière économiquement rentable. Néanmoins, de gros donneurs d’ordre, tel Coca, qui se positionnait sur le PEF, pourraient changer pour le PET. De plus, Citéo met en avant le recyclage du PET, pas celui d’autres plastiques, car le recyclage du PET permet d’évacuer les contaminants, en le faisant suer.

Mais les autres plastiques ne sont pas tous recyclables, même si des recherches sont menées, notamment pour les pots de yaourt. Et de gros donneurs d’ordre pourraient influer sur le système. A l’image du PET qui, en 5 ans, a remplacé le PVC, contrairement à ce qui était prévu, et ce, compte tenu de grands donneurs d’ordre tels Danone, qui ont rendu la filière de recyclage rentable.

  • En revanche, il y a certitude pour les films souples PP qu’ils ne seront pas recyclés et ne devraient plus être commercialisés, à terme.

Les bio plastiques : plastiques biosourcés

Ils sont une alternative aux plastiques pétro-sourcés, et se développent, à base de matières premières renouvelables. Au démarrage avec l’amidon de pommes de terre, puis avec le maïs, l’huile de tournesol, le sucre (canne, betterave) et aujourd’hui avec les algues … En Sardaigne s’est développée une filière sur l’huile de chardons, la loi italienne ayant imposé les sacs de caisse biodégradable. La majorité des polymères conventionnels devrait être biosourcée d’ici quelques années, selon Nov&atech. Mais nombre de plastiques biosourcés sont aujourd’hui importés du Brésil et sont subventionnés.

  • Une réflexion s’impose pour accompagner le développement d’une filière de plastiques biosourcés ; le bon sens mettant en cause un approvisionnement venant de l’autre bout du monde.

Les bio plastiques biodégradables & compostables

Le plastique biosourcé n’est pas forcément biodégradable. Il convient d’analyser séparément la question de la ressource et celle de la fin de vie. La biodégradabilité est un mécanisme naturel de décomposition, grâce à des conditions de température, d’humidité et d’oxygène. Il existe des tests normalisés de mesure de la biodégradation mais les 100 % ne sont jamais atteints, à l’image de l’humus. De fait, la biodégradabilité ne s’opère pas toujours à l’identique et diffère selon l’environnement. En ce qui concerne les emballages compostables, il faut faire la différence entre la compostabilité industrielle (qui est difficilement atteignable par une feuille de chêne car elle se biodégrade plus lentement) et la compostabilité domestique. Aujourd’hui, Citéo ne souhaite pas favoriser les emballages compostables. Mais, ce type d’emballage est néanmoins intéressant quand le recyclage n’est pas viable, sur les plans technique, économique ou environnemental ou quand la biodégradibilité est une propriété fonctionnelle, tel le film de paillage, ainsi que l’a présenté Novamont.

Les plastiques biosourcés recyclables

Nov&atech estime que la tendance forte est l’emballage biosourcé non biodégradable. Citéo lance des appels à projets pour la recherche de recyclabilité de certains plastiques, et fera de la Recherche & Développement en propre sur les domaines sans réponse. Mais il est probable que se mette en place, par filière, une mobilisation, pour trouver des solutions de recyclage. Et les gros donneurs d’ordre, qui recherchent des plastiques recyclables non biodégradables, vont alors influer sur des filières dont le modèle économique deviendra rentable. A terme, pourraient alors se développer de nouveaux plastiques facilement recyclables. Dont les coûts seront alors susceptibles de baisser, car les matériaux sont, aujourd’hui, souvent plus chers .

L’acceptabilité des emballages plastiques et les labels

Le packaging représente 65 % de l’utilisation des bioplastiques. Et le marché, au-delà de la question du coût, et de l’optimisation de la recyclabilité des emballages, n’apparaît pas encore prêt du côté de l’utilisateur final. Face au rejet de plus en plus fort des consommateurs, les emballages, même biosourcés et biodégradables ressemblent à du plastique ! La réponse en marketing, pourrait alors être un label : recyclable à x %. A ce jour ont été définis plusieurs labels pour l’alimentaire : Biosourcé de 20 à 40 %, de 40 à 60 %, de 60 à 80 %, à plus de 80 %, Ok biodégradable, Ok compost pour l’industrie, Ok home-compost.

Le sujet est évolutif. Vous trouverez un appui spécialiste auprès de Breizpack/Adria. Vous pouvez les contacter au 02 98 10 18 18.

Merci à la société Larzul, pour la photo !

La journée était organisée à Caen et, en visio à la CCI de Lorient et à la Cantine numérique, au sein de la Technopole Quimper Cornouaille.

Rédigé par Dominique Pennec, Quimper Cornouaille Développement. Merci à Thierry Varlet, Breizpack.!

 

Langue de boeuf sauce Madere_Larzul