[Atelier innov’agro] L’humain connecté
La Technopole Quimper-Cornouaille organisait fin mars un atelier innov’agro dédié aux innovations technologiques pour les opérations de transformation en agroalimentaire. Et ce, en particulier, pour les activités humaines sur les chaînes de production. Le CEA Tech y a présenté les projets développés dans ses différents laboratoires, mais surtout son potentiel de recherche pour accompagner la performance et la compétitivité des industries agroalimentaires. Retour sur cet atelier immergé dans le showroom créé par le CEA à la pépinière des innovations de Quimper Bretagne Occidentale, au cœur de l’écosystème aliment breton et cornouaillais…
Historiquement dédié au nucléaire, le CEA est devenu un acteur majeur en Europe, en énergies alternatives, en recherche fondamentale sur les matériaux et sciences du vivant et en recherche technologique (CEA Tech) sur les transitions écologique, digitale et numérique. Dans ce dernier domaine, il s‘appuie sur 3 instituts : List, pour la cobotique à Saclay, Leti (micro et nano-énergies, composants électroniques) et Liten (énergies alternatives) à Grenoble et Chambéry.
Compétitivité de l’agroalimentaire
Le principe de fonctionnement du CEA est de dédier dans différentes régions françaises des antennes sur des expertises particulières de l’écosystème local. D’où l’implantation récente du CEA Tech en Cornouaille, où interagit un écosystème majeur d’entreprises agricoles, agroalimentaires, de recherche et d’innovation, d’équipementiers, etc. ! Dédiée à l’intégration des technologies en agriculture et agroalimentaire, cette antenne bretonne a pour missions de renforcer la confiance, comme, par exemple sur le bien-être animal, de favoriser la sobriété en eau, énergie et intrants, d’accompagner la modernisation des usines et de renforcer la compétitivité des industries. Si ses clients finaux sont les IAA, il s’appuie sur un partenariat avec les équipementiers et intégrateurs.
Compétences transférables et collaboration
Au-delà des outils existants, l’atelier avait pour objet de montrer le potentiel de recherche du CEA Tech en réponse aux attentes et besoins des entreprises. Car son fonctionnement est basé sur le transfert de technologies d’un domaine spécifique à un autre. En effet, ses laboratoires de recherche fonctionnent par « briques » d’intervention ou domaines de compétences, qui sont combinables entre eux : ce qui aura été créé pour l’aéronautique pourra d’une manière ou d’une autre être transféré à l’agroalimentaire… A l’image du cobot qui permet d’aider au port de charges lourdes, initialement créé pour l’aéronautique.
Il existe différents niveaux de collaboration avec le CEA Tech, qui vont de la lettre contrat de 1 à 12 mois sur une prestation de services d’études, ou un contrat de R&D, à l’accord-cadre sur 3-5 ans qui couvre plusieurs thématiques, en passant par le projet collaboratif avec 2 entreprises au minimum. Le CEA se rémunère sur la valeur technologique transmise à travers des licences, mais ne recherche pas à faire de bénéfices. Par ailleurs, le CEA Tech soutient la création de start ups ou la diffusion de technologies complémentaires à des start ups existantes.
Les équipementiers, essentiels !
En Bretagne, le CEA Tech développe deux plateformes. A commencer par le projet « TeQpa » (Technologies pour la Qualité des Productions Agroalimentaires) qui intervient auprès des entreprises et des laboratoires sur les questions de bien-être animal, de confiance en l’alimentation et d’environnement. A titre d’exemple ont été développés des systèmes de détection de gaz qui signalent le développement de bactéries, ou des outils portatifs d’analyse sanitaire… Quant à « Agrotech » il est le projet d’Usine 4.0, qui a pour objet l’intégration des nouvelles technologies en agroalimentaire, et dont nombre d’exemples ont étayé l’atelier. Il doit s’appuyer sur un club d’acteurs équipementiers, IAA, centres de formation… Ses travaux porteront sur la performance industrielle, l’optimisation des consommations d’énergie, l’assistance physique et cognitive, le contrôle et l’optimisation des process durables, la traçabilité, la maintenance prédictive, la reconfiguration rapide des chaînes production, l’e-connectivité…
Automatiser les tâches pénibles et peu attractives
Le CEA List, venu de Saclay, a présenté nombre d’applications digitales interactives et outils dont certains étaient déjà en démonstration au CFIA sur « l’Usine bas carbone » proposée par Bretagne Développement Innovation. Les enjeux technologiques de ces outils portent sur l’assistance cognitive ou physique de l’opérateur, la localisation et la caractérisation de la qualité, la performance des process, notamment grâce à l’agilité et la flexibilité des chaînes… Et ce, pour répondre aux besoins et contraintes de l’agroalimentaire :
- le taux de rotation des opérateurs est élevé du fait de la pénibilité de tâches le plus souvent répétitives et d’un manque d’attractivité,
- tout peut difficilement être automatisé, ne serait-ce qu’en terme de coût des robots,
- alors que les chaînes de production se doivent d’être de plus en plus agiles pour s’adapter à de plus faibles volumes.
Assistance à l’opérateur et à la maintenance
Est en démonstration au sein du showroom le bracelet tactile, qui peut envoyer des informations lorsqu’un changement intervient dans une opération répétitive, pour aider l’opérateur à y penser ! On peut également y découvrir le démonstrateur jumeau numérique interactif et la semelle connectée, qui permet de détecter les compensations d’un point de vue physique lors de diverses manipulations.
Destinée à la maintenance, particulièrement impactée par les besoins en recrutement, a été développé un outil de dictée vocale pendant les opérations, qui permet d’éviter les pertes d’information, dus aux rapports écrits… Par ailleurs, il est désormais possible de s’auto-former grâce à la réalité virtuelle. Parmi les techniques de reconnaissance, à noter, en nutrition, l’identification de la composition d’un plat qui peut être utile pour des régimes, et en particulier, pour les maladies chroniques. Côté déchets, cette reconnaissance permet d’identifier les différents matériaux tels les papiers ou cartons, et de détecter, par exemple, une pelure d’orange coincée dans une canette. Au Portugal a été mis en service un système qui analyse la fraîcheur des poissons frais grâce à leur œil…
Agilité et flexibilité des lignes
Présenté également au CFIA, le robot de système Pick & Place permet la préhension d’une variété de produits de textures différentes : c’est en touchant le produit que le robot adapte son niveau de préhension. Plus élaboré encore, si l’on y ajoute la vision, la vitesse augmente. A ce titre on peut citer aussi le projet européen « Quality » qui permet de resynchroniser les équipements en peu de temps. Ces outils permettent de répondre aux besoins d’agilité des lignes de production.
Dans tous ses développements, le travail du CEA Tech est d’apporter de la performance avec peu d’informations, et l’opérateur n’est pas supprimé, mais aidé : il reste le contrôleur !
Renseignements auprès de Philippe Morganti responsable des partenariats industriels du CEA Tech Bretagne, qui est à l’écoute de vos besoins…
Rédaction: Dominique Pennec, Quimper Cornouaille Développement, Merci à Fabien le Bleis de la Technopole et Jérémy Lucas du CEA Tech !
Photos : CEA Tech et Quimper Cornouaille Développement